Quelles sont les recettes d’une concertation qui fonctionne ? Chargée de projet en urbanisme et concertation à l’Atelier du lieu, Ségolène Charles a étudié la mise en place de dispositifs participatifs dans des petites villes, en pleine montée en puissance de l’échelon intercommunal. Dans sa thèse réalisée dans le cadre d’une convention industrielle de formation par la recherche (Cifre)*, elle s’interroge sur la place du citoyen dans la mise en oeuvre du projet urbain lors de ce transfert de compétences. Elle revient sur les résultats de ses recherches mais aussi sur les perspectives pour organiser des dispositifs de participation du public une fois le confinement levé.
Certaines de nos missions sont actuellement suspendues, car nous dépendons beaucoup de la commande publique. Mais nous réfléchissons à la mise en place d’outils numériques afin de pouvoir maintenir des dispositifs de participation du public en période de déconfinement. Dans le cadre d’un projet concernant la programmation d’un bâtiment de santé, par exemple, l’Atelier du Lieu doit échanger avec les 40 professionnels de la structure. La rencontre devait se dérouler sur site, mais bien évidemment, c’est impossible dans le contexte actuel, et il est envisagé d’organiser une réunion de travail virtuelle – une personne de notre agence irait alors filmer le bâtiment en question. Nous avons déjà effectué une telle démarche – il nous est même déjà arrivé de travailler avec des casques de réalité virtuelle pour une collectivité – et celle-ci s’est avérée intéressante malgré ces limites : on retranscrit le son et la vue, mais quid du toucher, des odeurs, des sensations ?
Nous ne pouvons pas nous contenter de conférences sur Zoom. Nous sommes en train de nous emparer d’outils collaboratifs numériques tels que Klaxoon, Mindmeister (pour créer des « cartes mentales » en ligne), Mural ou Slido (pour les questionnaires) afin de proposer des ateliers participatifs adaptés au contexte, au regard de cette situation complexe mais aussi source d’innovations. Ce n’est pas une évidence : c’est déjà compliqué de donner la parole à tous lors de réunions physiques, alors virtuellement, avec les difficultés techniques que cela induit et surtout les inégalités concernant la maîtrise de ces outils (ou même leur possession), cela risque d’être encore plus complexe. Mais c’est aussi l’opportunité pour nous de prendre la question du numérique à bras le corps. Car les outils sont nombreux, riches : l’enjeu sera de faire en sorte que chacun puisse se les approprier afin de ne pas exclure une frange de la population du processus, tout en s’assurant que les outils que nous employons sont sécurisés et protègent les données personnelles de leurs utilisateurs.