Assez rare pour être souligné, c’est une équipe majoritairement féminine qui dirige les travaux du nouvel accueil de l’Hôtel de Ville. Deux femmes architectes, une pilote de travaux, une chargée d’opération ; deux femmes au bureau de contrôle et au bureau d’études, une designer… Mais non vous ne rêvez pas, les travaux du nouvel accueil de l’Hôtel de Ville et de la salle de réception sont menés par une équipe féminine. Un hasard qui tombe bien à la veille de la présentation du rapport égalité femme-homme au conseil municipal de décembre. Rencontre avec quatre d’entre elles qui portent haut les bottes et le casque de chantier.
Cela fait quoi d’être dans une équipe féminine ?
Emmanuelle (pilote des travaux) : Nous ne sommes pas une équipe 100 % féminine, mais nous sommes des femmes à des postes où l’on ne s’y attend pas forcément. On pourrait penser que par rapport à la gestion des travaux, c’est plutôt un collectif uniquement masculin et là clairement les femmes sont vraiment
bien représentées.
Nolwenn Dulieu (architecte) : En 15 ans de métier, cela doit être la troisième fois que cela m’arrive et c’est très agréable ! J’espère que cela va devenir plus fréquent. De plus en plus de femmes sont formées à l’architecture, en revanche beaucoup de patrons d’agence sont des hommes. Aujourd’hui, à l’Atelier du Lieu, nous avons plus de femmes que d’hommes, mais nous essayons de trouver le bon équilibre.
Colette Le Bourdonnec (architecte) : Cela change le regard sur le projet, sur toutes les questions des usages. Sur les chantiers cela permet d’apaiser les tensions. L’idéal est d’être un binôme femme-homme pour aller assez loin dans la conception.
Est-ce qu’on peut parler d’architecture féminine ?
Colette Le Bourdonnec : C’est une remarque que l’on m’a fait sur le projet de Vertou aux courbes et formes tout en rondeur pouvant paraître assez féminines. Pourtant les grands architectes travaillant les formes courbes comme Franck Gehry sont des hommes, mis à part Zaha Hadid, la première femme architecte
à recevoir le prix Pritzker (considéré comme le « prix Nobel » de l’architecture) qui a travaillé sur le déconstructivisme et a réalisé, entre autres, des bâtiments avec des courbes.
Nolwenn Dulieu : L’architecture n’est ni homme ni femme, il s’agit de la création d’un cadre de vie pour tous.
Myriam (chargée des opérations) : Sur le choix de deux femmesarchitectes ? Il n’y a pas d’attribution sexuée, c’est une mise en concurrence ! C’est le projet qui plaît le plus qui est retenu !
Emmanuelle : Sur les 2 propositions faites par l’Atelier du Lieu, la première était très géométrique, plus facile à réaliser. Mais finalement c’est une architecture plus ronde, plus douce qui a été retenue. Mais je ne pense pas qu’il y ait un rapport avec la féminité, il s’agit davantage d’une tendance architecturale et de correspondre à l’identité du territoire : un territoire apaisant et inspirant.
C’est compliqué d’être une femme sur un chantier ?
Myriam : Il faut faire ses preuves ! Mais quand techniquement on sait de quoi on parle, c’est plus simple. Être une femme a aussi des avantages, quand il y a conflit généralement les hommes se calment plus vite. Le relationnel n’est pas le même. Désormais, les mentalités changent sur les chantiers.Ce que je préfère c’est un duo homme-femme qui se complète énormément.
Colette Le Bourdonnec : Je rejoins Myriam. Une femme sur le chantier va être plus dans le dialogue moins dans le conflit. En revanche, on va être davantage testée, mais dès que l’on maitrise le vocabulaire et la technique, tout se déroule bien.
Emmanuelle : Assez naturellement je me suis positionnée sur le volet technique parce que cela m’intéresse. J’ai appris le vocabulaire technique, je suis incollable sur l’échantignole (une cale triangulaire clouée sur un arbalétrier destinée à maintenir les pannes de la charpente, NDLR)! Être une femme n’est plus un critère qui joue en notre défaveur.